"Astique, Waldeck, astique !" ruminait le grand rouquin efflanqué, affalé sur le siège de son dragster.
Plié en deux, Waldeck Tête de Brique frottait énergiquement le pare-choc chromé du véhicule de son maître. Vêtu d'un vieux short de toile grise et d'un gilet en peau de loup, le grand guerrier arborait un regard bovin plein d'admiration. Oui chef. Oui chef.
"Quand t'auras fini, passe un coup sur mes bottes !"
Eugenios cessa un moment de penser à son allure et se plongea dans des pensées plus profondes et plus dignes. Non loin de là, les membres de l'Armée des Justes construisait peu à peu leur havre de pureté: Liberté. Le rouquin fit tourner le barillet de son Magnum. Et soudain, se redressa, comme pris d'une inspiration divine. Il fouilla dans sa besace, en sortit quelques feuilles de parchemin et un bout de charbon taillé en pointe. Puis les balança négligemment aux pieds de son acolyte.
"Waldeck, mon brave, cesse ici. L'Histoire n'attend pas. Elle renait peu à peu des cendres de l'Apocalypse, et il est important... que dis-je, primordial, que ma place y soit faite comme de droit. Nous allons écrire mon histoire. Et peut-être un peu la tienne, qui sais. Je dicte, tu notes."
"Heuh ?" interrogea Waldeck.
"J'oubliais que tu étais un bon à rien avec l'intelligence d'une brique, c'est pourquoi je t'ai nommé Tête de Brique, et que tu ne sais pas écrire, et que tu es tout juste bon à polir mon pare-choc et à casser quelques os ici où là... Ramasse-moi ça et donne, je m'en chargerai tout seul."
Il fourra son magnum dans son holster et attrapa le sommaire matériel d'écrivain que lui tendait son compagnon.
"Bien, il faut commencer"...