Leur retour à Vangrim s’était fait sans qu’ils ne s’en rendent compte, leurs pas les y avaient portés tout simplement.
Ils avaient été surpris de voir la ville remplie de créatures indigestes que Gorok tentait de repousser tant bien que mal, au départ seul.
La petite avait hésité, comme les deux grands gaillards, à aller le saluer à leur manière. Mais peut être que, sous leurs apparences de chenapans, il y avait encore, finalement, un cœur qui battait…
Car si ils étaient venus auprès du chef de la milice, ils n’avaient rien fait de ce qu’ils avaient prévu ensuite, et s’occupaient à présent de tailler la chair des monstres qui envahissaient la cité.
Une lueur malicieuse passa dans son regard blanc, tandis que l’enfant léchait sa lame pleine de sang. Quelques gouttes restèrent sur ses lèvres, et dans un mouvement impudique, sa langue les fit disparaître.
Le combat semblait l’animer.
Elle n’avait pas utilisé les ténèbres pour cette bataille qui ne les méritaient pas et y allait de cœur joie avec sa minuscule dague.
Souvent, elle s’arrêtait, fixant un instant les « choses » droit dans les yeux avant de rentrer de nouveau dans la danse mortelle.
Les créatures semblaient alors perdre de leur grâce et esquiver moins vite les coups que chacun portait.
Fièrement, concentrée, la gamine jouait alors de son épée. Son but n’ était pas de tuer, juste d’amocher.
Elle voulait bien aider, mais pas trop non plus, faire tout le travail ne l’intéressait pas, aussi ne portait-elle que de légers coups, étouffant parfois un éclat de rire.
Les gens aux alentours n’avaient pas à connaître ses talents et ses faiblesses. Certains pouvaient être qualifiés d’ennemis, et qu’ils possèdent un tel savoir pourrait un jour se retourner contre elle…
Aelin faisait donc exprès d’être gauche.
Elle finit par stopper sa lame après avoir porté quelques coups et se retourna vers le Roc à son coté. Inë’l Liol s’amusait aussi visiblement, mais elle savait que cela n’allait pas durer.
Une fois que les sales bêtes seraient mortes, que feraient-ils donc ?
A coup sûr, la milice serait ravie de pouvoir se débarrasser d’eux.
Ce fut donc avec un discret rire mielleux qu’elle souffla quelques mots à son compagnon.
Trois levers de soleil, pas plus.
Autant dès à présent prendre les paris, combien de journées allaient-ils pouvoir passer en paix avant que les surveillants de ces lieux ne râlent et ne tentent de les mettre à la porte... ?
Tout à coup, une main balladeuse se mit à fouiller ses poches.
Alors qu'elle allait lui donner une claque, la main s'enfuit.
Lentement, la gamine se retourna vers son proprietaire, les sourcils froncés.
Toi, tu vas le payer... C'est pas bien de chercher à voler les autres quand on ne sait pas le faire.