Après l'enfer...

Celà faisait environ une semaine que la bombe avait explosé et que les radiations attaquaient les vivants.
Même si Vangrim n'avait étée la cible, les temps étaient difficiles. Ce qui avait profondément changé les hommes recommençait.
Ce qui avait fait de moi ce que je suis menacait de transformer ceux qui étaient encore humains.
Quelque-chose me disait que les hommes allaient disparaître, les mutants seraient toujours plus nombreux s'ils vivaient.
Que seraient les conséquences ce coup-ci de ce nouveau drame ?

Beaucoup avaient du perdre la vie ou des proches. D'autres comme moi avaient perdu une partie d'eux même.
Mes yeux...les reverrais-je un jour ou ont t'ils définitivement décidé de se fermer aux horreurs du monde ?
Les hommes devenaient fous...
Alors que des malins ne pensaient qu'à tout détruire, la division se faisait ressentir comme jamais. Les pirates avaient envahi Vangrim et aveuglés par leur folie meurtière, ils ne faisaient aucune différences entre hommes, femmes, vieillards et bébés. Seules mort et destruction siégeaient encore ici, à Vangrim.
Une attaque parfaitement synchronisée, trop, comme si les commanditaires de la bombe n'étaient pas là ou tout le monde croyait.

Les cavaliers et quelques autres ont donc rejoint des terres plus hospitalières.
Mais là aussi, les radiations brûlaient, rongeaient.
De petits débris ou je ne sais quoi couvraient vêtements et cheveux et vêtements. Combien faudrait t'il de temps avant que tout celà cesse ?
Mon frère ne me lâche plus et il m'aide a pallier mon handicap.
J'apprend a analyser mon environement de diverses manières.

Je passe souvent de longues heures à rien faire d'autre qu'écouter pour comprendre. J'ai abandonné l'écriture de mon journal tant celà devenait éprouvant et ardu.
J'ai l'impression que me sens se développent et particulièrement ces dons qui me valent le titre de mutante.
Par moments, je ressens des picotements au niveau de la tête. Je ne sais si c'est une conséquence des radiations qui me transforme, mais quand celà arrive, j'ai une impression de manque. Comme si j'avais perdu autre-chose que mes yeux, comme si une partie de moi était loin.

« Foutue moto de merde ! »

Le coups de pied que la donzelle donna dedans n’arrangea pas la chose. La bécane s’écroula sur elle même et chacune des pièces qui la composait roulèrent au sol accompagnée par un chant de rouille et de fer. Autour de la jeune fille qui avait les mains sur les hanches, un ballet de morceaux de ferraille qui maintenant étaient inutiles.
Elle passa sur son front couvert par la sueur une main pleine de cambouis avant de se remettre à jurer. Ca s’annonçait mal.
Depuis que la Terre s’était mise à trembler et que la chose brûlait sa belle peau déjà si mate, le clan avait décidé de se tirer loin, en abandonnant derrière eux les plus faibles… Et ceux dont le véhicule ne marchait pas.

La Main Gauche… Ce surnom stupide lui allait décidément à merveille.
« Bordel de nom de Dieu. »
Elle soupira. Ce n’était pas sa faute si ces engins de voyage tombaient si souvent en panne entre ses mains, elle les bichonnaient pourtant. Mais voilà, à chaque fois, c’était la même chose : au bout d’un moment, il fallait toujours remplacer son amour temporaire, en acheter ou piquer une nouvelle. Cette fois-ci, c’était bien mal tombé.

Avec un nouveau soupir, elle noua son tee-shirt au dessous de sa poitrine et s’accroupit. Pourquoi fallait-il qu’il fasse toujours aussi chaud dans ce… Ce désert ?
Elle ramassa une à une les pièces, caressa un instant le siège en cuir craquelé qu’elle avait tant chevauché et se mit en devoir de remonter son amante.

L’opération fut longue et fastidieuse, mais la jeune fille y mit tout son cœur, tellement pressée de retrouver ses pairs.
Hélas… Lorsque satisfaite, elle se releva avec un petit sourire sur les lèvres, ce fut pour s’apercevoir qu’une fois encore elle avait tout foiré. La moto en plus de ne pas rouler était…

« NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON. »

… Inutilisable….

Elle se laissa tomber à genoux, partagée entre l’envie de re-Peter de nouveau sa bécane et celle de laisser des sanglots de rage et frustration l’envahir.
Croisant les mains sur son ventre, peignant ainsi abondamment celui ci de crasse, elle opta pour la seconde solution….


…

Ce fut de nouveau la rage qui la guida, lorsqu’elle sortit du magasin de Vangrim et la força à shooter dans un caillou.
La vente de son fidèle engin, de son bijou mort, ne lui avait rapporté que trois cent piécettes. Pas assez pour en racheter une nouvelle. Pas assez pour pouvoir aller retrouver les autres, ni assez pour pouvoir faire quoi que ce soit d’intelligent.
C’était la mort dans l’âme qu’elle s’était séparée de son tas de ferrailles, espérant pouvoir s’en acheter une autre. Mais non ! Bien sûr ! Elle aurait dû se souvenir que les marchands étaient tous des voleurs !

Les larmes aux yeux, elle ressentit ces mêmes picotements qui depuis le tremblement de la Terre la tiraillaient au niveau du crâne. La sensation de manque liée au "vol" de son « bébé », s’accrut considérablement. Comme si elle avait perdu autre-chose que sa chérie, comme si une partie d'elle était loin. Encore plus loin...
Le visage de sa sœur, Sylena, s’imposa à son esprit mais cela ne suffit pas à calmer l’étrange sentiment.

La jeune femme leva la tête vers le ciel obscur, adossée à un rocher qui la protégeait un peu des rafales de vent chargée de sable. Elle s'emmitoufla un peu plus dans son vieux manteau usé, se demandant encore une fois pourquoi elle était venue se perdre ici.

Avant, tout n'était pas facile, bien sur... La plupart de ceux qui l'entouraient étaient des sales brutes, imbéciles violents pour qui seul la force et leurs véhicules comptait, et rares étaient les femmes qui parvenaient à se faire respecter dans ce groupe.
Elle n'avait pas su, et pour ne pas subir les regards dérangeant des hommes, s'était faite discrète, masquant son visage, et dissimulant ses formes sous un manteau informe.
Mis à part ça, ça n'était pas si mal. La nourriture était régulière, elle avait toujours un abri pour la nuit, un coin à elle et surtout de la compagnie.

Mais elle voulait connaître autre chose, persuadée que quelque part, il y avait d'autres choses à découvrir, attirée par cet inconnu comme un papillon par la flamme.

Et la brulure était vive.

Il y avait eu tout d'abord cette explosion, lointaine mais dont l'écho résonnait encore dans ses cauchemars, et puis les radiations qui avaient suivi.

Et quand elle était enfin arrivé à Vangrim, une ville réputée comme l'une des plus sures du coin, et qu'elle avait espéré que ça marquerait une amélioration dans sa situation, elle n'avait trouvé que chaos et violence, violence dont elle avait été elle même victime.

Elle avait presque fui la ville ou elle s'était retrouvée ensuite, l'hostilité de ses habitants face à sa différence, dont elle avait pris plus nettement conscience, pour aller se perdre dans ce désert, seule.

Si seule...

Elle ferma les yeux, comme si ça pouvait diminuer cette sensation de picotement qui la perturbait depuis quelques temps. Sa soeur lui manquait, c'était évident, mais pourtant la sensation de manque était bien plus profonde. Comme si ...elle avait la la conviction qu'une partie d'elle était loin...Bien plus loin.

Les blessures se refermaient à peine, il se redressait lentement. L'Armée des Justes. Il sourit ... encore eux ! Comment ça se fait ? Tout était fini pourtant, et ça tenait toujours ?

"Bah ..."

Une femme ici brillait autant qu'un champignon atomique en pleine nuit. Entre les loubards, les soldats des Justes, les crapules et les cadavres. La silhouette flamboyante d'une prude donzelle pouvait baliser le chemin de n'importe quelle âme en peine. Surtout la sienne.
Il lui fallait une excuse, un truc. Dans son état, et même naturellement d'ailleurs, il ne trouva pas mieux :

"Vous auriez une cigarette ou du feu ?"

La nuit ne se différenciait pas tellement au jour.
Et c'était encore moins le cas pour Séréna qui perdait la notion du temps. Elle partait se coucher lorsque la fatigue venait l'assomer telle une matraque.
Le chemin pour rejoindre ses quartiers n'était plus que routine. Avec sa barre de fer, elle avait repéré les indices qui lui permettaient de savoir ou elle se trouvait à Jouvence. Elle comptait même le nombre de pas qui séparait chaque élément qui la menait là ou elle se reposait.

Allongée dans son lit, elle repensait à tout ce qui était arrivé, tout était allé si vite.
Ou celà menerait t'il ? Combien de moments encore s'écouleraient t'ils avant que tout soit fini ?
Le sommeil tardait à venir. Ca en devenait trop habituel depuis cette bombe. Si la veille n'était que tourment, le royaume des songes était cauchemar et enfer.

L'éveillée se leva et ouvrit les volets qui laissèrent entrer un flot de lumière.
Aujourd'hui était une belle journée.
Une fillette dehors riait. Elle lançait un bâton qu'un chien s'empressait d'aller chercher pour le ramener à son propriétaire.
Plus loin, un groupe d'adolescents jouaient du pieds avec un ensemble de bouts de tissus compacté en sphère.
Un groupe de motards également attendant une femme qui pestait contre sa machine qui venait de tomber en pièces suite à un coup de pieds de rage.

Puis surgit un roulement de tambours, suivi de secousses et de bris de verre.
Des nuages sombres se formaient, tournoyant à une vitesse démesurée, un hurlement de mort, des cris épouvantés, une onde d'une puissance inouïe soulevant des tonnes de poussières, une silhouette à 4 pattes vêtue de feu.

Je me réveillais en sursaut et en sueur. Je ne m'étais pas senti tomber dans le sommeil. Le souvenir du cauchemard était flou, mais j'étais consciente qu'il était enfoui en moi.
Le vent m'aspergeait le visage de grains de sable.
Plus au nord est se tenait Vangrim, ville qui devait désormais être le plus grand nid de monstres d'Orkembor.
Nombreux étaient ceux qui fuyaient la ville...
Quelque-chose m'alerta...
Je passais une main sur mon visage. Je me surpis à sourrire un moment. Je sus censée être aveugle...je rêve encore et puisque je rêve, je vais modeler mon rêve...

Aussitôtles fuyards disparurent pour laisser place à une jeune fille rousse.
C'était moi. Je passais à côté de moi même sans m'en rendre compte.
"Salut..."
Je continais mon chemin. Mais elle est sourde ou quoi ? Et qu'est ce que ce masque ?
"Mais attends !! Tu me vois pas ?"
Je me mis sur ma route et au moment de l'impact...

Il faisait si chaud...
"Allez debout Séréna !!"
Encore une dure journée m'attendait et elle commençait bien mal avec cette tête qui n'arrêtait pas de me marteler et toujours cette désagréable sensation d'avoir perdu quelque-chose...

"Vous auriez une cigarette ou du feu ?"

Elle sursauta légèrement, surprise. Plongée dans ses pensées, elle ne l'avait pas vu venir.
Quel manque de prudence...
Elle ne prit même pas la peine de fouiller ses poches, qu'elle savait vides, et secoua négativement la tête :

« Désolée, je n'en ai pas... »

Observant Julian, elle se demandait ce qu'il faisait ici s'il cherchait des cigarettes plutôt qu'aller en ville pour ça. Il avait peut être eu des problèmes avec les habitants ?

"Merde ... bon et bien bonne journée"

Il s'éloignait déjà, comme il était venu. Le regardant partir, Sylena se demandait si elle n'aurait pas du profiter de l'occasion pour lui poser des questions sur la région. Elle se remit en marche à son tour, songeant que ça avait un coté normal presque rassurant, cette rencontre, après toute cette violence.


L'absence de point de repère lui donnait l'impression de n'avoir pas progressé, malgré la fatigue qu'elle ressentait. S'asseyant à l'ombre d'une dune, elle but une gorgée d'eau et ferma les yeux un bref instant.
Lorsqu'elle réouvrit les yeux, un peu plus tard, ce fut pour se rendre compte qu'elle ne voyait plus rien.
Elle retint avec difficulté un cri d'horreur alors que l'affolement la gagnait. Que lui arrivait-il ?
Il devait y avoir une explication rationnelle, on ne devenait pas aveugle comme ça. Peut être n'était ce qu'un phénomène passager, à cause de l'éclat du soleil sur le sable qui l'aurait ébloui un peu trop fort ? Mais son état ne s'arrangeait pas et il lui fallait se remettre en route. Elle tenta de se lever..

Une rafale de sable plus violente que les autres la réveilla brusquement.
« Ah... Ca n'était qu'un mauvais rêve...»
Elle secoua légèrement la tête, pour dissiper l'angoisse qui l'habitait encore. Et voilà qu'elle avait de nouveau mal au crâne... Avec un soupir, elle se releva et se remit en marche.

L’humain la suivait et elle en était bien rassurée. Etre seule dans le désert ne l’amusait pas, il y avait à craindre milles choses de ces espaces de sable mouvant et doré ; notamment, les Shinigamis.
Elle jeta un coup d’œil derrière elle pour surveiller ses arrières et vérifier qu’aucun de ces fous suicidaires ne les poursuivaient.
Personne.
Ils devaient être bien trop occupés, tels des charognards, à récupérer des affaires sur les restes des habitants de la Ville des Seconds Eveils.

Elle fit quelques pas.
Son regard bleu ne mirait rien et tout à la fois, perdu mais en même temps fixé sur un point inconnu, il enveloppait doucement sans s'attacher dessus ce qui se trouvait devant lui. La cascade de ses cheveux ne bougeait qu'au gré des souffles du peu de vent qu'il y avait et de ses pas lents. Sa bouche ronde restait légèrement entrouverte tandis que sa poitrine se soulevait délicatement. Ses lèvres avaient un petit air lascif ; elles offraient au regard extérieur une apparence lisse, légèrement mouillée. Un poète aurait pu les comparer à des pétales de fleur, fragiles et touchantes.

Tout à coup elle pâlit et ses épaules s’affaissèrent tandis qu’elle portait à son visage ses mains qui avaient caressé tant de guidons de motos. Les paumes rêches vinrent toucher ses joues halées et les caresser, comme si elle tentait d’enlever quelque chose de collant qui se trouvait dessus.
Sa langue rose vint caresser furtivement ses lèvres, les humidifiant plusieurs fois d’affilée, et laissant sur leur peau de nouveaux scintillements.
Ses épaules fléchirent un peu plus. Ses seins, au contraire, se dressèrent avec tout autant de suavité, marquant un peu plus le creux de ses reins.

Sa respiration se fit haletante. Un malaise brutal s’emparait d’elle. Elle n’en pouvait plus. La nuit, comme si avec l'éveillée avait conclu un silencieux accord, cachait de son mieux ce que les étoiles ne pouvaient guère montrer, ramenant à semi dans les ténèbres la gène que la femme éprouvait.
Elle tituba un instant, ivre de l’illusion qui s’était emparée d’elle. Comme les bulles du meilleur alcool existant qu’elle n’avait jamais pu goûter, Selena sentait le masque affermir sa prise avec volupté. Il l’empêchait de respirer, et sa vue même devenait inexistante.
Le noir nocturne avait envahi toute sa vision.

Puis soudainement, le mauvais rêve qu'elle vivait cessa.

Elle tomba à genoux et aspira goulûment l’air frais du désert, comme un condamné fume avec amour sa dernière cigarette.
Que s’était-il passé ? Elle n’aurait su le dire, mais le goût amer au fond de sa gorge persistait, tout autant que ce mal de crâne qui ne voulait décidément la quitter.

Le bolide aurait pu réveiller les morts tant le son était intensifié en cette nuit opaque.
Ses phares étaient perceptibles à des kilomètres.
Suite à une dune, le véhicule fit une belle envolée et s"arrêta quelques dizaines de mètres après l"attérrissage.
Lorsqu"il reprit sa course plus modérée, c"était pour changer de trajectoire et de diriger vers les deux individus.

A quelques mètres du couple il sarrêta de nouveau et lorsque le roc eu estimé la menace en étudiant les armes portées par les deux personnes non loin, il sortit de la boîte métallique.

"Salut à vous..."
Le roc était musclé et portait bon nombre d"armes blanches sur lui.
"Vous vous êtes paumé ? Vous avez besoin d"aide ? la zone est plutot dangereuse pour des personnes aussi légèr"ment armées..."
Il approchait tout en parlant puis s"arrêta net, l"air baba en regardant la fille.
"Sere ?"
Il tourna la tête vers le van pour se rendre compte que sa demi soeur y était toujours avant de regarder de nouveau le couple.

"Bordel, mais j"hallucine ou quoi ? J"crois pas m"etre foutu un shoot ou avoir bu quoi que ce soit.
Qui etes vous ?"


A l"appel de son nom, l"éveillée encore confortablement assise à la place du passager avant réagit.
"Oui ?"
Elle était la cause du changment de trajectoire du van. En effet, elle avait ressenti des présences et quelque-chose l"incitait à les rencontrer.

Ses picotements de tête s"étaient atténué au fur et à mesure de l"approche lui facilitant les possibilités de concentration.

Mais malgré celà, c"était confus en ce moment dans sa tête. Elle avait l"impression que sa conscience s"était éveillée au delà de ce qu"elle pouvait imaginer.
Elle ressentait la présence des deux personnes comme si elles étaient à un mètre.

Elle sortit du van, mouvement qui provoqua en elle un vertige. Elle posa les 2 mains sur la surface métallique du capot pour éviter de tomber.
Ses yeux s"ouvrirent derrière le morceau de tissu qui le masquaient.

Et elle fut abasourdie par ce qu"elle voyait. Elle voyait plus loin le van et se voyait elle même. Face à elle, elle voyait son demi frère et à côté un humain.
Tout autour reignait l"obscurité et le sable...

« Hein ? »

Ce fut la seule réponse sensée qu’elle réussit à prononcer lorsque Séréna sortit du van. Elle cligna des yeux, surprise, le temps de se reprendre, avant d’éclater de rire et se précipiter vers Séréna pour la prendre dans ses bras.

« Sylenaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa ! »
Elle l’étreigne avec joie, heureuse.

« Tu es en vie ! Tu vas bien et tu es accompagnée ! »
Le flot de ses paroles était interrompu, elle ne laissait à l’éveillée le temps de répondre et tout le bonheur du monde se lisait sur son visage.

« Tu aurais pu laisser un mot dans une ville, nous signifier ce que tu devenais ! Et qu’est ce que ce bandage stupide ! Apres le masque, comme si ça ne suffisait pas, tu caches tes yeux ! Quand arrêteras-tu ce genre d’idioties ? »

Elle rit de nouveau, lui prend les mains, la détaille du regard tout en continuant de papoter.

« Tu aurais pu me dire que tu étais non loin de Vangrim ! Comment s’appelle ton… Acolyte ? Et bordel de nom de dieu, qu’as tu fait pendant tout ce temps hein ? »

Enfin, le torrent de babillages devint nul…

Le champs de vue se modelait.
Son frère toujours abasourdi se retrouvait à droite puis derrière.
Séréna se voyait grossir à vue d"oeil et par réflexe, elle se décolla du van pour poser une mains sur sa mitrailleuse.
Elle était tout à fait consciente qu"elle se voyait à travers d"autres yeux. Grâce à ces yeux, elle pouvait s"orienter face à l"être qui approchait rapidement.

L"éveillée fut matraquée de mots, etreinte. La surprise était totale. Séréna se raidit...et lorsqu"elle put enfin en placer une, elle essaya de se dégager.

"Je crois qu"il y a erreur sur la personne. Je ne connais pas de Sylena, mon nom est Séréna et ...excusez moi si votre visage ne me revient pas, mais je suis aveugle."
Visiblement, la présence ne lui voulait pas de mal et Séréna avanca les mains vers les yeux à travers lesquels elle voyait.

"Puis-je ?"

Elle rit encore, empoigna de nouveau les mains de sa jumelle avant de … Se taire et lâcher les doigts qu’elle tenait. Les brûlures qui constellaient sa peau lui firent avoir une grimace.
Elle fronça les sourcils, se gratta le ventre comme par habitude avant de lancer un regard interrogatif vers la femme.

« Tu es euh… Blessée ? »

Sa moue se fit surprise, inquiète aussi, le temps d’un souffle. Elle jura mentalement avant de se reprendre.
Des détails collaient pas.
Sylena n’aurait jamais caché ses yeux en fait… Ni défait son visage comme ça. Non…

« Mais bor… Tu es qui à part une illusion, sacré nom de dieu ? »

Séréna baissa les mains prise d"une désagréable sensation.
La vision d"elle même se brouilla peu à peu avant de disparaître complètement.
Quelque-chose avait alerté ses sens, elle se baissa pour coller une oreile contre le sable et d"une main le palpant.

"Des secousses..."
Puis comme elle avait habitude de faire, elle projeta son esprit plus loin. Elle prit conscience de toute vie à des dizaines de miles à le ronde.
"Ils arrivent...en grande quantité..."

Ces mots réveillèrent l"instinct de survie de Darteval qui se mit en branle.

"Vite !! tout l"monde dans le van.
On s"barre de là en cinq et attachez vos ceintures, ca risque de s"couer."

Il ne se fit pas répéter et tout le monde se mit à l"abri.
Le van démarra en trombe et zigzaga un bon moment au milieu de dizaines de créatures qui sévissaient là.
Il ne ralentit qu"à l"approche de sa destination, le repaire des cavaliers...